R comme Renoncer – le renoncement (au désagréable).
Le verbe « renoncer » fait partie de ces mots que notre société a tant recouverts de négatif qu’elle n’en a plus pour la plupart d’entre nous que cette couleur sombre… Comme « glauque », alors que c’est si joli, un lac brumeux et glauque ou « à cause de » qui signifiait « grâce à » au départ…
Le poids de notre culpabilité judéo-chrétienne est lourd, mais en avoir conscience est un chouette facteur.
J’aime le verbe renoncer pour sa légèreté, sa douceur. Renoncer… Un -r- musical, comme un ronronnement qui annonce le -e- féminin qui s’affirme et qui dit « non » sans emphase pour finir sur le sifflement de mes initiales… Pas étonnant que j’aime ce mot…
Je le propose à mon menu de sophrologue, comme si je m’amusais à être chef pour une dégustation plus simple qu’il n’y parait…
Renoncer. « Re » signifie en arrière, en revenant au point de départ ou en retour et « nonc » signifie dire. (Le Robert Brio, éd. 2004)
Renoncer c’est pouvoir revenir en arrière sur ce ce qu’on a dit ou fait…
Je renonce à mes emportements.
Et au moment-même où je prononce ces mots, je jure que je ne blague pas, notre
chien passe et notre chatte feule violemment. Ni une ni deux, je tire
brusquement le chien en arrière et frappe un coup sur la table pour faire fuir
le chat !
Pas ennuyée une seule seconde par la quasi simultanéïté de mon renoncement à la violence… !
Ahahaah ! Je ne suis pas un modèle de calme impérial. Mais, ce que je constate avec force présence, c’est que cette simple phrase de « je renonce à ma colère » m’allège. Me fait sourire. Je crois que j’y perçois un instant, mon ego dérouté ? (« heu comment ça, « je » renonce à la colère ?!?)
Intention et renoncement. Intention d’aller vers le positif et renoncement au négatif. (recette sophro)
Deux aides douces et si agréables pour guetter ce qui peut nous faire du bien, un peu comme des essuie-glace sous la couche de crasse des enquiquinements quand ils arrivent. Ils laissent alors la place pour lister doucement ce qui va bien, même dans ces moments difficiles…
Et c’est là au cœur de la noirceur qu’on peut peut-être essayer de retrouver notre flamme, si petite soit-elle avec compassion… Et si elle est petite, un petit sourire sera sans doute plus utile à cette flammèche qu’une grosse moue qui pourrait l’éteindre…
Dans ma proposition de travail avec le renoncement, il ne s’agit pas d’aller clamer haut et fort un choix pesant. « Choisir » et son cousin teigneux « exclure » m’ont toujours terriblement ennuyée. Quel manque d’imagination ! Pourquoi y aurait-il entre eux deux le moindre sens logique ? On peut à la croisée des sentiers, en choisir un fort joli et plus tard, faire demi-tour ou prendre un chemin de traverse pour en prendre un autre ensuite. On peut toujours aller où on veut.
Non, chez moi le renoncement a la douceur du chuchotement. Comme se dire à soi-même au cœur même de n’importe laquelle de nos émotions, je renonce à ceci ou cela. Pas forcément en séance, mais n’importe où… C’est ce qui me ravit avec les phénomènes : mes plus belles prises de conscience me parviennent souvent dans des moments ou des lieux saugrenus ! Mais suivre son envie de renoncement à quelque chose, laisser émerger ce qui vient et voir ce qui arrive…
Je trouve cela si charmant… et puissant.