Le 23 mars 2024 à 15h je présente un atelier de sophrologie qui me tient particulièrement à coeur, lors du Ve Symposium de Sophrologie Caycédienne.
Son sujet : Le Dépassement de Soi avec le Sport et la SOphrologie.
J’écris cet article le 18 mars, jour d’anniversaire de mon père, grand sportif devant l’Éternel.
Lorsque j’étais adolescente, papa me disait « tu as un corps de sportive. Mais tu es trop flemmarde. » Mon père m’adorait. Dans sa bouche ces mots n’étaient pas toxiques, mais un constat : il avait raison. J’aimais beaucoup jouer au ping pong, être dans l’eau ou sur un vélo dans mes jolies Vosges. Mais courir ou gagner, ou persévérer encore et encore? Pfiouh! Je n’en voyais nullement l’intérêt! Et surtout je ne ressentais nul besoin d’y mettre une quelconque énergie.
Ma Marraine s’était mise au yoga vers 35 ans. J’en avais 16 de moins et je me souviens très bien lui avoir dit que je me mettrais « au sport » quand je commencerais à sentir que je vieillissais.
Bon sang ! Je ne pensais pas si bien dire !
A 38 ans, en 2005 lors de l’ablation de mon épendymome (tumeur ici heureusement bénigne du canal de l’épendyme*), ma moelle a moyennement apprécié l’intervention de mon cher chirurgien, Laurent Capelle, aujourd’hui hélas disparu.
J’étais enceinte de plus de 4 mois donc opérée assez urgemment. Lorsqu’un mois plus tard,on me lève, je me vois enfin et là, léger choc : qui êtes-vous Madame dans mon mirorir??!?
Je vois une femme aux cheveux blanchis « d’un coup » (un mois tout de même que je ne m’étais pas trop vue; en combien de temps mes cheveux ont-ils blanchi vraiment?? Je n’en sais rien). Mais là face à mon miroir, je me donne 82 ans. C’est mon phénomène de l’instant. La Catherine Coinçon que je vois a 82 ans.
Quelle étrange chose toujours de se voir sans se reconnaître.
La Bonne Nouvelle étant que je n’avais plus alors qu’à rajeunir en vieillissant !
Et c’est ce que sera ce chemin qu’aujourd’hui je peux qualifier de Dépassement. Avec bien sûr ses hauts et ses bas, ses impressions d’effacement total de la Vie des valides et de la Vie tout cours.
Mais dépassement parce que ce qui m’a guidée, c’est sûr, c’est toujours l’espoir.
Et le cadre temporel court : de 2005 à peut-être 2007 ou 2008, je me suis dit : « dans 1 AN je cours ! »
J’en souris aujourd’hui. A la fin de chaque année, je me disais, « Bon ce n’est pas grave. Encore 1 an et c’est bon. » A chaque fois, j’y croyais.
Alors qu’est-ce qui a fait que quand je n’y ai plus tout à fait cru, j’ai tout de même continué d’essayer ?
C’est là que pour moi, la réponse est : l’amitié pour moi. En bonne amie, je ne me suis jamais lâchée.
Et en même temps, cet immense étonnement du fond de mon lit en me réveillant paralysée : durant toute mon enfance et mon adolescence, peut-être même ma vie de jeune adulte, une de mes immenses peurs « panique » fut d’être enfermée.
J’avais tout de même peu de chances de finir en prison, mais si je m’étais inscrite à Amnesty International pour défendre les prisonniers, c’était bien particulièrement parce qu’à part la torture et les douleurs dues aux maladies, je ne voyais rien de pire dans la vie que d’être enfermée en PRISON.
Et là, de toute évidence, je me retrouvais prisonnière totalement de mon corps sans ressenti du toucher, parti pfiout, ni possibilité de mouvement. Wouahouh. J’avoue que là, j’ai été scotchée.
J’en souris aujourd’hui. Mais à l’époque je me souviens très bien de cette énergie de départ dans ce dialogue de moi à moi : « bon et bien le chemin est là. Tu n’as pas trop le choix. »
Je pourrais m’étendre ici sur la notion de liberté, vécue comme espace de paix à l’intérieur de moi. C’était ma liberté de faire tout mon possible pour au moins retrouver ma JOIE de la Marche, mon PLAISIR absolu de la Nage.
Heureusement, gratitude absolue pour notre pays, la France, j’ai pu commencer grâce à mes excellents kinés et ergothérapeutes à l’hôpital de la Pitié-Salepêtrière.
Mais sans ce qui se passait à l’intérieur de moi, comment y arriver ?
C’est là pour moi le lien comme une évidence à l’apport de la Sophrologie Caycédienne. En étant fille de la Phénoménologie, la Sophrologie fait de chacun d’entre nous un.e explorateur.ice de nos états intérieurs, physiques et/ou psychiques. En lien avec notre biologie.
Il me semble de plus en plus complexe de séparer les deux.
Or notre neuro-plasticité, notre système nerveux sont tous deux mus par une énergie qui nous pousse à la curiosité, à la créativité. En sortant de notre zone de confort. C’est ce que nous confirment les recherches sur les sciences de l’apprentissage, mais à condition de ne pas être débordé.e émotionnellement.
Alors quand on ne peut pas bouger, pas se mouvoir, quand on ne sent pas grand chose sur la peau ou à l’intérieur, qu’est-ce qui fait à votre avis qu’on puisse se sentir BIEN malgré tout et se pousser à BOUGER comme on PEUT ?
LA GENTILLESSE, l’humour, la tendresse, la compassion. Ce sont des sources sans fin de forces pour la personne épuisée, qui n’y arrive pas.
Et c’est ce que je présente dans mon atelier du 23 mars à 15h.
Parce que moi qui n’étais pas du tout « sportive », j’ai pris goût aujourd’hui à cette complicité avec ce qui peut encore fonctionner en moi ! Je comprends enfin ce que recherchais mon père, ce que recherche mon frère qui continue à 75 ans bientôt à faire du tennis, du vélo, à aller courir, marcher en montagne!
Mon être a compris.
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